Très souvent, lorsque l’on découvre quelque chose d’unique au Japon, on se dit « ça serait bien que l’on ai ceci chez nous ». Mais le problème est que ce qui se fait au Japon n’est pas toujours transposable ailleurs. Voici donc pourquoi.
Combien parmi vous (et moi même, d’ailleurs) se disent régulièrement « Oh, j’adore ce concept, dommage qu’on n’ait pas ça chez nous »? Nous sommes nombreux dans ce cas, notamment lors d’un séjour au Japon, à tel point que de nombreuses choses du Japon nous manquent lorsque l’on rentre chez soit. Mais toutes ces « choses », ces services, ces produits, … sont-ils réellement transposables chez nous? Non, pas vraiment, et voici, en quelques raisons, pourquoi.
Les mentalités sont différentes
Voici l’élément primordial qui fait que les choses qui fonctionnent au Japon, ne fonctionneraient pas nécessairement à l’étranger. En effet, comme nous le savons déjà, et comme nous pouvons le remarquer au quotidien ici, les mentalités sont totalement différentes. Et le point de différence le plus important est celui concernant la « mentalité de groupe et le respect des autres » qu’ont les japonais, et qui contraste très fortement avec les autres pays, très souvent tournés vers l’individualisme.
En quoi ceci va-t-il jouer sur la capacité à transposer ce qui se fait au Japon ailleurs? Très simplement, sur le fait que ce qui se passe en sol nippon est impacté par les comportements des individus en société, plus soucieux des autres et de la communauté. Beaucoup d’entre nous apprécient énormément la propreté des lieux publics ou des transports en commun au Japon et aimeraient avoir ceci dans leur pays d’origine. Mais si ceci fonctionne au Japon, c’est tout simplement parce que le peuple japonais est éduqué, dès le plus jeune âge, à respecter l’espace commun pour permettre à chacun d’en profiter dans les meilleures conditions possibles. Chose qui n’est pas souvent le cas dans les autres pays du monde.
Ainsi, au Japon, les trains son propre en leur sein, ne sont pas tagués, et proposent ainsi un confort optimal, alors que si vous allez à Paris, New-York, ou n’importe quelle autre grande ville du monde, ce ne sera pas toujours le cas.
Les goûts ne sont pas les mêmes
Les Kit Kat japonais plaisent à un grand nombre d’entre nous, et beaucoup aimeraient les voir en vente dans leur pays d’origine et se demandent pourquoi ce n’est pas encore le cas. Pensez-vous que Nestlé soit assez « fou » pour ne pas voir un éventuel marché à développer en s’attaquant aux autres pays que le Japon avec ces produits uniques? Bien sûr que non. Si la marque suisse à décidée de ne pas développer ceci c’est qu’il n’existe pas réellement un marché porteur. Pourquoi? Parce que les goûts ne sont pas les mêmes, tout simplement.
Les japonais sont toujours friands de nouveautés, de choses exotiques, différentes, originales, décalées, … Alors que dans les autres pays, ce genre de produits, notamment alimentaires, ont du mal à exister, notamment en France où les individus sont plutôt conservateurs sur les saveurs qu’ils mangent. Ceci n’est pas applicable qu’aux barres chocolatées mais bien sûr à l’ensemble des produits alimentaires japonais, qu’il est difficile de transposer ailleurs, à quelques exceptions près bien sûr (comme les sushi, les ramen, ….).
Et puis, il ne faut pas se leurrer, mais l’espace de vente dans les commerces (la place dans les rayons) coûte extrêmement cher (référencement, promotions, mises en avant, …) et la concurrence est féroce, et de ce fait, une marque ne peut prendre le risque de commercialiser un ou des produit(s) dont le pourcentage de réussite serait trop faible.
Enfin, mêmes si les touristes voyageant au Japon ont tendances à aimer ce qui se fait sur place, cela ne veut pas dire que leurs semblables, dans leur pays d’origine, vont apprécier cela. Car les touristes ne sont pas nécessairement représentatifs de la population globale de leur pays. Par exemple, comme le montre les chiffre du tourisme au Japon, en 2014 seulement 178,600 français ont voyagé au Japon, ce qui est loin d’être représentatif de la population française. Alors, même si ces 178,600 voyageurs au Japon ont aimés des choses au pays du soleil levant, rien ne garantit que leurs semblables les aimeront eux aussi.
Les modes de consommations ne sont pas identiques
Les Konbini ouverts 24h/24 et présents de partout, les distributeurs automatiques couvrant l’ensemble du territoire japonais, les commerces et restaurants ouverts 24h/24, … Toutes ces petites choses qui facilitent le quotidien au Japon et qui plaisent énormément aux étrangers, mais aussi au japonais, ne sont pas nécessairement transposables à l’étranger pour diverses raisons.
Déjà d’un point de vue légal, il peut y avoir des restrictions. Par exemple, en France, avoir un commerce alimentaire ouvert 24h/24, 7 jours/7, 365 jours par an est de l’ordre de l’impossible en raison des lois en vigueur dans le pays.
Ensuite, ajouté à cela les faits de vandalismes qui peuvent avoir lieux dans bon nombre de pays et vous comprendrez pourquoi il est impossible d’avoir des distributeurs automatiques un peu de partout, vendant de tout et de n’importe quoi.
Enfin, et c’est le point le plus important, les modes de consommations ne sont pas, mais alors pas du tout les mêmes. Par exemple, en France, on aime à faire les courses de manière hebdomadaire, notamment le samedi, et en grosse quantité. Alors qu’au Japon, les courses se font quotidiennement sous forme d’achats d’appoints, et c’est en cela que les Konbini connaissent un vrai succès, quasi impossible ailleurs.
Les marchés et business ne sont pas construit à l’identique
En France, par exemple, on dit souvent « le client est roi ». C’est ce que l’on dit en face des clients. Mais je me souviens que dans le cadre de mon travail (directeur de supermarché) ou de mes études (en commerce), nombreux étaient les dirigeants à dire « le client est roi, et l’entreprise est Dieu », pour signifier que le client pouvait décider de ses achats mais que les services et produits étaient offerts par l’entreprise, qui influençaient donc les actes de consommations des clients sans qu’ils ne s’en rendent réellement compte.
Au Japon, le client est le « Kami-Sama (神様) », à savoir le Dieu, et il est traité, dans la grande majorité des cas comme tel. Attention, je ne dis pas que l’entreprise ne cherche pas à influencer ses achats et autres actions de consommations, mais bien que dans le traitement donné aux clients, il est mis plus en importance que dans bon nombre de pays dans le monde.
D’ailleurs, au Japon, pour beaucoup, le modèle économique des entreprises n’est pas nécessairement basé sur le « cash tout de suite », en faisant des profits immédiatement au détriment de la vision à long terme, mais bien sur la pérennité de l’activité à long terme, quitte à générer moins de profits sur le court terme. Un exemple frappant est celui du service Takkyubin au Japon, lancé non pas avec l’idée de générer beaucoup de profits immédiatement, mais plutôt de proposer un service utile aux consommateurs dans l’espoir de le pérenniser et d’en sortir des profits annuels sur la durée. Et, laissez moi vous dire que ce service est un franc succès, et reflète bien la mentalité d’entreprise au Japon.
On ne s’inspire pas réellement des japonais, on s’en « moque »
Aucun pays n’est parfait, et aucun ne le sera jamais. Mais par contre, chaque pays à des forces et des faiblesses, et essayer de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs peut-être une bonne idée, ou piste de travail, pour essayer d’améliorer ce que l’on fait chez soit. D’ailleurs, les japonais sont passés maître en la matière, et ont souvent été raillés pour ceci. En effet, les entreprises japonaises avaient souvent pour habitude de regarder ce qui se faisaient à l’étranger, de prendre en compte ceci, de s’inspirer, de « japoniser » et améliorer les choses et de les lancer sur leur marché. Et le pays est connu pour ces pratiques par toutes les personnes ayant étudiées un tant soit peu le management d’entreprise.
Et je pense que beaucoup de personnes ou d’entreprises voulant s’inspirer de ce qui se fait au Japon tend rapidement à se moquer des pratiques au pays du soleil levant, au lieu de s’en inspirer ou d’essayer de comprendre le pourquoi du comment. Et voici un excellent exemple de cette situation: dernièrement, des responsables de la SNCF se sont rendus au Japon afin d’y observer le système ferroviaire sur place, et analyser ses points forts pour s’en inspirer. Et puis, le journal Le Point a réalisé une interview d’un de ces responsables, qui met en avant les points forts des entreprises de trains au Japon. Et à la fin de l’article, une petite phrase qui dit » Sans aller jusqu’aux gants blancs ! » dite sur le ton du sourire, démontre une attitude plutôt « moqueuse » au lieu d’une attitude d’analyse. Or, lorsque nous allons comparer, le but est de savoir ce qui se fait ailleurs et pourquoi cela marche, et non pas « rigoler » des comportements différents. Et je pense que c’est là que le bât blesse, puisque le Japon est souvent tourné en ridicule pour bon nombre de ses comportements différents. Et quand ce sont les dirigeants des entreprises ou d’États qui en arrivent à de tels comportements, vous pourrez comprendre qu’il est difficile d’appliquer ce qui fonctionne au Japon ailleurs.
Voici donc raisons qui font que ce qui fonctionne au Japon ne peut pas toujours être transposé ailleurs dans le monde. Il existe des différences qui sont telles que parfois ceci devient mission impossible. Et bien sûr, il doit exister bien d’autres raisons.